"L'art est un outil puissant pour transmettre des idées mais aussi pour me permettre de m'évader"
-- Rakajoo
Empruntant à la fois aux codes de la peinture, du cinéma d’animation et de la bande dessinée, Rakajoo est un portraitiste qui aime tisser des histoires. Qu’il s’agisse de toiles réalisées à l’huile et à l’acrylique, ou d’œuvres hybrides associant peinture, son et image, son travail présente une dimension cinématique qui génère un récit et amène inévitablement le spectateur à s’interroger sur la scène à laquelle il assiste.
Si Rakajoo s’inspire parfois de peintres classiques (Vermeer, Whistler, Manet), ses sujets sont profondément ancrés dans le monde contemporain. A travers portraits et scènes de la vie quotidienne souvent liés à son univers personnel, il témoigne de parcours de vie et donne à voir des dynamiques de changement, qu’elles aient trait aux individus ou au tissu urbain. Ainsi de sa première exposition individuelle à la galerie Danysz, Les Trois Châteaux (2021), en référence aux quartiers parisiens de Châtelet, Château d’eau et Château rouge, auxquels l’artiste est attaché pour des raisons personnelles et au prisme desquels il nous invite à regarder Paris différemment.
Rakajoo, qui signifie têtu en wolof, est repéré pour la première fois en 2008 à l’occasion de l’inauguration de la fresque monumentale de 300 m² qu’il vient de créer pour son club de boxe d’Aubervilliers. Il réalise en décembre de la même année une exposition sur le thème du sport à la demande de la Fondation Jean-Luc Lagardère. Ce sera le point de départ de son parcours de peintre, qui le conduit à participer à diverses expositions collectives comme Boxe! Boxe! à la Fondation Blachère (2012), le festival 12x12 au Musée national de l’histoire de l’immigration (2015), Jusqu’ici tout va bien au Palais de Tokyo (2020) ou encore Transport commun pour la Collection d’art Société Générale (2021).
Dans de nombreuses œuvres de Rakajoo, un personnage portant un masque tribal vient se fondre de manière discrète et fantomatique dans le paysage ou le décor. Une silhouette énigmatique et anonyme qui pourrait être l’artiste lui-même ou une figure de l’altérité, et qui est aussi une façon de poser indirectement la question de sa double culture, question qu’il adresse aux spectateurs. Qu’est-ce qu’être artiste issu d’une diaspora dans la société actuelle ? Car si les personnages que dépeint Rakajoo sont porteurs d’une histoire individuelle, celle-ci s’inscrit aussi dans un récit plus large, celui des Afro-Européens. Comme le souligne Hugo Vitrani, curateur au Palais de Tokyo, « la peinture de Rakajoo trouve ses racines dans cette âme afropéenne caractérisée par une dualité et un pluralisme : être à la fois Africain, Européen, mais être aussi les deux ensemble, sans dissociation. ».
Rakajoo est un artiste français né en 1986. Diplômé de la section Art & Image de l’école Kourtrajmé, fondée par le réalisateur Ladj Ly et l’artiste JR, il mène de front ses carrières d’artiste et de boxeur de haut niveau. D’abord repéré en 2008, il expose ensuite à Paris, Shanghai ou Luxembourg. Lauréat du Prix des Amis du Palais de Tokyo en 2022, il inaugure sa première exposition personnelle dans l’institution parisienne en octobre 2023, intitulée Ceinture nwar. Aujourd’hui, Rakajoo est peintre, créateur de films d’animation, boxeur et bientôt auteur-illustrateur avec sa bande dessinée Entre les cordes, à paraître en 2024 chez Casterman. Il vit et travaille en région parisienne.