« Impacter les mentalités, sans impacter la nature.»
- Saype

Artiste autodidacte, Saype  est un artiste qui s’inscrit dans la tradition du Land art en peignant des fresques monumentales et éphémères dans des environnements naturels choisis pour leur histoire spécifique. Qu’il s’agisse de montagnes (enneigées ou verdoyantes), de déserts, de plages ou de parcs, la démarche de l’artiste est résolument contextuelle, entrant en dialogue et en résonance avec les lieux pour en souligner certains aspects. Autrement dit, les œuvres de Saype ne se donnent pas seulement à voir, elles font voir.

 

Pour créer ces œuvres en respectant l’environnement dans lequel elles s’inscrivent, Saype a élaboré une peinture entièrement biodégradable à base d’eau, de craie, de charbon et de protéine de lait. Les œuvres s’évanouissent ainsi avec le temps, sous l’effet de la repousse des végétaux, de la fonte des neiges, du vent ou des vagues qui balaient le sable. Un processus où apparition et destruction ont partie liée dès le départ, à la manière des mandalas bouddhistes qui sont élaborés avec minutie pendant plusieurs jours et détruits une fois achevés pour mieux souligner l’impermanence de toute chose.

 

Reconnaître l’impermanence des choses, c’est aussi réfléchir à la meilleure façon de vivre notre existence et d’être au monde. Le travail de Saype parle donc de liberté et d’entraide, d’une recherche d’harmonie et d’équilibre universels.

 

Son engagement humaniste l’a conduit à lancer en 2019 un projet d’envergure mondiale: créer symboliquement la plus grande chaîne humaine au monde en peignant de manière répétée un motif de mains entrelacées et unies. Mené sur plusieurs années, ce projet ambitieux intitulé «Beyond Walls»  a débuté au pied de la Tour Eiffel et compte aujourd’hui 19 étapes, de Ouagadougou à Istanbul, en passant par Le Cap, le siège de Nations Unies à New York, ou encore Venise dans le cadre de la Biennale 2022.

 

La question de la trace, du souvenir, de la façon aussi de faire partager cette expérience, se trouve logiquement au cœur de la réflexion de Saype sur ce qui « fait œuvre » au-delà de ses interventions éphémères.

 

La première réponse qui s’est imposée pour témoigner de l’installation éphémère une fois celle-ci disparue, effacée et fondue dans le paysage, a été de recourir à la photographie en y associant certains des accessoires utilisés (piquets, esquisse de travail…). Des « vestiges » comme l’artiste aime à les appeler, et qui voisinent ensuite sous cadre avec les photographies des installations éphémères à la réalisation desquelles ils ont participé.

 

L’artiste envisage également la pose de balises sur les sites où ses œuvres sont apparues pour mieux disparaitre quelques jours ou semaines plus tard. Un recours au digital et à la réalité augmentée qui permettrait, en étant sur place, d’accéder à des photographies et des vidéos des œuvres éphémères.

 

Plus récemment, Saype a décidé de travailler la notion d’échelle en jouant sur le contraste macro/micro qui caractérise ses installations au point de de brouiller la perception qu’on en a. En déposant préalablement au sol des carrés de papier sur les zones qui seront peintes, il crée en quelque sorte des pixels de l’œuvre éphémère qui pourront ensuite être prélevés et avoir leur vie propre. Cette technique lui permet d’introduire dans l’œuvre la physicalité de la fresque, les traces d’herbes, de sable, l’humidité ou la salinité de l’air, l’imprévisibilité du vent, la rugosité du sol… Autant d’éléments qui témoignent des conditions de réalisation et permettent de donner corps à ce que signifie créer « avec » la nature et de restituer l’interaction physique entre l’artiste et la nature lors de ses interventions.

 

 

Né en 1989 à Belfort, Guillaume Legros est également connu sous le pseudonyme de Saype. A la suite d’autres artistes du Land art, Saype reprend à son compte l’idée d’un art nomade à l’échelle de la planète, dialoguant avec la monumentalité des paysages pour mieux s’y intégrer. En 2018, son projet en soutien à l’association SOS Méditerranée réalisé au cœur de Genève connaît un retentissement médiatique considérable en étant vu par 120 millions de personnes dans le monde entier. Il a notamment été désigné en 2019 par le célèbre magazine Forbes comme l’une des 30 personnalités de moins de 30 ans les plus influentes dans le domaine de l’art et de la culture.