Cécile Cornet French, 1995

« Vous seriez-vous approché de mon tableau si les couleurs étaient aussi sombres que le sujet ? »

 

D’abord diplômée d’un Master en Histoire du genre, puis de la section Art & Image de l’école Kourtrajmé, le parcours personnel de Cécile Cornet la conduit à s’inscrire au sein d’une nouvelle génération d’artistes résolument engagés. Sa création artistique, à la croisée entre la sociologie et l’art, est le fruit d’un long travail où recherche et observation se nourrissent réciproquement.

 

Féministe assumée, les lectures et références de l’artiste semblent inépuisables et vont de la sociologue italienne Silvia Federecci, au mythe grec de Dibutadès en passant par des penseuses contemporaines comme Titiou Lecoq.  Ses revendications sont à la fois l’origine et l’objet de l’œuvre. Sa création artistique interroge la répartition autonome des tâches, la hiérarchie des genres, les normes d’amour et de dévotion et décortique les mécanismes d’invisibilisation. La représentation qui est faite du foyer, tour à tour refuge intime ou théâtre d’inégalités, illustre les tensions entre l’intime et le politique. Guidée par ce leitmotiv, l’artiste s’inscrit pleinement dans l’ère de son temps et invite le spectateur à une forme d’introspection critique.

 

Les compositions de Cécile Cornet empruntent aux codes visuels publicitaires : les couleurs, vives et saturées, épousent les corps nus, les nappes et objets du quotidien, aboutissant à un équilibre plastique. Le contraste entre esthétique pop et propos engagé confère toute sa puissance de subversion à l’œuvre. Les scènes sont le reflet d’interrogations personnelles, qui s’inscrivent, par leur universalité, dans un discours collectif.  Ses toiles, réalisées principalement à l'acrylique, captivent par leurs teintes éclatantes et leur composition méticuleuse. Chaque élément est soigneusement pensé, avec des objets du quotidien — comme des boîtes de conserve, des nappes en toile cirée ou des foulards — qui deviennent des symboles chargés de mémoire et de sens . Cette attention aux détails confère à ses œuvres une dimension à la fois personnelle et universelle.

 

La profondeur de sa démarche est également soulignée par le support de certaines de ses œuvres, réalisées sur des toiles en lin issues du trousseau du mariage de sa grand-mère. Née « fille de » puis devenue « femme de », sans n’avoir jamais eu l’occasion de se défaire de cette préposition, cet héritage familial se fait porteur d’un symbole d’émancipation.

En somme, l'esthétique de Cécile Cornet est une fusion de couleurs vibrantes, de symbolisme quotidien et d'engagement politique, offrant une réflexion poignante sur la condition féminine et les structures sociales contemporaines.

 

Depuis la fin de ses études, le travail de Cécile Cornet a été exposé à différentes occasions : au Salon de Montrouge, au Château de Servières, au Château Lacoste ou encore au MUCEM. Par les sujets qu’elle aborde et son langage visuel puissant, son œuvre trouve un écho profond chez celles et ceux qui la découvrent : entre mémoire intime et conscience collective.

 

Cécile Cornet est originaire du Sud de la France. Après des études en histoire du genre, elle commence la peinture en autodidacte avant de s’inscrire en 2020 à l’école Kourtrajmé et d’intégrer la résidence d’artiste Artagon en 2022. Son travail a été exposé au salon de Montrouge, au Commun à Genève, au château de Servière, à la Luxembourg Art Week, au Château Lacoste, à la galerie Continua ainsi qu’au cent quatre. Elle vit aujourd’hui à Marseille.