« Quand le printemps venait, même le faux printemps, il ne se posait qu’un seul problème, celui d’être aussi heureux que possible. Rien ne pouvait gâter une journée, sauf les gens, et si vous pouviez vous arranger pour ne pas avoir de rendez-vous, la journée n’avait pas de frontière. C'étaient toujours les gens qui mettaient des bornes au bonheur, sauf ceux, très rares, qui étaient aussi bienfaisants que le printemps lui-même. »
— Ernest Hemingway, Paris est une fête (A Moveable Feast)
Àl’occasion de l’arrivée du printemps, la galerie Danysz est heureuse de présenter une exposition en ligne qui s’articule sur le travail de six artistes à la lumière de leurs engagements artistiques envers les différentes formes de vie, que ce soit à travers des textes, des peintures ou bien encore des photographies.
Le travail d’André Saraiva s’appuie sur le potentiel d’improvisation et le libre-jeu de ces possibilités à mesure que son travail évolue vers une pratique de plus en plus conceptuelle. Dans les années 2000, l’artiste lance un projet performatif intitulé "Love Graffiti", dans lequel il peignait à la bombe le nom de l’amoureux.se d’une personne à l'adresse de son choix.Pour renforcer l'idée de jeu dans sa pratique en constante évolution, l'artiste introduit son alter ego, Mr. A, un personnage aux yeux en forme de "X" et de "O", qui sourit aux passants sur les murs de la ville.L'artiste interroge notre comportement et ce qui en découle lorsque nous sommes animés par l'idée de jeu. En se penchant sur la phénoménologie du mouvement, le jeu apporte une forme de liberté kinesthésique ; les jeux commencent, se jouent, se terminent même, pour être répétés par des joueurs qui veulent continuer à jouer, encore et encore, car le plaisir de l'expérience suscite le désir.Le langage artistique d'André se construit avec des couleurs vives. La signature de l'artiste, le rose bonbon et le bleu azur, allant de teintes légères aux tons néon intenses, expriment des émotions positives comme le bonheur, le jeu et parfois même la poésie.
L'œuvre de Robert Montgomery offre une autre forme d'exploration visuelle. Profondément émouvantes, les œuvres textuelles de Robert Montgomery inspirées par les graffeurs de l'Est de Londres et la poésie de Philip Larkin, se trouvent dans les espaces les plus inattendus de nos paysages urbains. A travers leur lecture, elles nous invitent, sans que l’on s’en rende compte, à puiser dans le poète qui sommeille en nous. Sous l’influence de Montgomery, la ville devient un espace participatif où l’on peut découvrir ses textes saisissants, souvent à grande échelle sur des panneaux d’affichage, parfois lumineux. « Alors que les graffeurs placent généralement leurs tags dans les zones grises de la conscience - sur les passages souterrains, les viaducs ou les murs des bâtiments - Montgomery opère ouvertement, en utilisant, entre autres, les arrêts de bus, les parcs et les panneaux d'affichage comme écrans de projection". (Ingo Arend)
Plus récemment, Robert Montgomery a commencé à produire des peintures empreintes de poésie où se mêlent des éléments de formes humaines et naturelles, souvent issus de son environnement immédiat. Utilisant une subtile palette de couleurs, Montgomery se laisse le champ libre et varie de style de représentation d’une peinture à une autre. Il passe ainsi du naturalisme à l’abstrait, s’inscrivant alors indubitablement dans une pratique protéiforme postmoderniste. Les artistes de l'exposition n'hésitent pas à user de la force des couleurs pour insuffler une ambiance dans leurs œuvres. Composée dans une symphonie de marquage rythmique, l’œuvre Sans Titre 3, réalisée par Castelbajac en 2019, rendue dans des motifs de bleu, orange, vert et jaune, déphase la signification de l'image, véhiculant des sentiments de joie et de bonheur.
Dans le travail de ces artistes, si les paysages sont fantaisistes, voire parfois idéalisés, ils ne s’éloignent jamais totalement de nos sociétés contemporaines. La forme changeante de notre environnement et la multiplicité des richesses de la flore sont tout autant d’éléments qui participent de notre engagement dans le monde, qu’il s'agisse de rituels liés à une activité physique extérieure ou simplement d’un engagement visuel et sensoriel avec l’espace qui nous environne.