Vhils de retour à Paris avec une nouvelle série d’œuvres sur un support inédit
La galerie Danysz a le plaisir de présenter du 14 octobre au 25 novembre une exposition réunissant les dernières créations de l’artiste Vhils. Alexandre Farto, de son vrai nom, est mondialement connu pour ses interventions dans l’espace urbain, en particulier ses portraits de grand format sculptés à même les murs. Une démarche que l’artiste aime à définir comme une « archéologie du présent » et qui consiste à enlever de la matière par couches successives pour mettre au jour le sujet représenté, comme si l’enjeu était d’arracher un vestige au passé et à l’oubli.
Les visages anonymes qu’il fait ainsi surgir sont aussi une façon pour Vhils de replacer l'Homme au centre, de lui rendre la préséance face à des logiques économiques et à une urbanisation massive dont on sait aujourd'hui combien elles peuvent prendre le pas sur les individus.
Au fil des ans, Vhils n’a jamais cessé d’explorer de nouveaux supports sur lesquels déployer son art, qu’il s’agisse du béton des murs, du papier des affiches publicitaires, du bois de portes recyclées, de plaques de métal ou encore de résine. Après une longue période de recherches plastiques, l’artiste a récemment mis au point une technique innovante lui permettant de s’emparer d’un nouveau medium avec lequel il n’avait encore jamais travaillé auparavant : les carreaux de céramique. Des carreaux qui sont généralement travaillés à la peinture mais que l’artiste, fidèle en cela à sa pratique, parvient quant à lui à sculpter malgré leur très grande fragilité.
Revisiter la tradition portugaise des « azulejos »
Le choix de ce nouveau support n’est pas un hasard : également connus sous le nom d’ «azulejos », ces petits carreaux de céramique sont devenus à la mode dans les constructions portugaises, en particulier au XVe siècle, lorsque les rois catholiques s’en sont emparés pour en faire un symbole de statut et de richesse. C'était également un moyen de raconter visuellement des histoires et de défendre des valeurs morales à une époque où les livres étaient un privilège et où seule une petite partie de la population pouvait lire.
Au Portugal, des murs entiers, des intérieurs de maisons, des églises et des monuments publics sont ainsi recouverts de carreaux de céramique de toutes sortes et de toutes les couleurs. Ils racontent des histoires anciennes, exaltent des figures religieuses ou embellissent simplement le paysage urbain avec des motifs abstraits ou d’inspiration florale, tels une seconde peau enveloppant la ville.
Au regard de l'histoire mondiale, ces carreaux sont aussi intrinsèquement liés au commerce, à la mondialisation et au colonialisme. Au XVIIe siècle, l'expansion maritime du Portugal a en effet conduit à utiliser les azulejos comme un outil supplémentaire pour imposer une culture eurocentrée sur les terres indigènes des pays conquis. C’est ainsi que l’on peut encore voir aujourd’hui, par exemple dans certaines villes du Brésil, de vastes fresques murales réalisées en céramique.
Avec ce nouveau corpus d'œuvres, Vhils ne se contente pas d'intégrer cette tradition ancienne à sa pratique, mais il la réinterprète, la redéfinit et lui redonne sens en la confrontant à son histoire et son identité culturelle.
Une commande monumentale pour le Grand Paris Express
Cette nouvelle série d’œuvres en céramique est de la même veine que celle pour laquelle Vhils a bénéficié d’une commande dans le cadre de l’ambitieux projet du Grand Paris Express. Pour cette œuvre d’art public destinée à la future gare Aéroport d’Orly, l'artiste a créé une grande fresque murale composée de carreaux de céramique blancs et bleus qui contribuera à forger l’identité de la station.
L’œuvre sera dans un premier temps visible partiellement en juin 2024 puis en totalité à horizon de 2027 lorsque l’intégralité de la station sera achevée.