Miaz Brothers: The Hazy Reality of The New World - Shanghai

Dans leurs travaux, les deux frères jouent du concept classique de « mimésis », qui traverse l’histoire de l’art et interroge le lien entre l’art et le réel. Ils renversent ce concept en brumant notre vue au lieu de lui offrir directement une « représentation » de la réalité. Ce détournement intentionnel de la perception nous pousse à nous émanciper du réel pour reconstruire nous-mêmes, par le biais de notre imagination, une toute nouvelle réalité voire même un tout nouveau monde. Comme le disent les artistes : « en retirant les détails, l’œil ne peut s’accrocher sur l’image comme il le fait habituellement sur chacun des éléments. ». Le spectateur, dont le regard est mis à l’épreuve, est alors conduit « à se poser, à réfléchir et à créer lui-même une image, une ressemblance ».

 

C’est ainsi que les Miaz Brothers jouent de nos réflexes instinctifs à vouloir voir, à vouloir décrypter ce que nous avons sous les yeux. Dans chacune de leurs œuvres, l’acuité du regard et l’imagination du regardeur sont mobilisées. Notre regard est mis en échec et notre désir de savoir se fait plus fort. Pour Meneguzzo, c’est ainsi que nous ressentons à la fois un sentiment de frustration et d’attraction. Loin d’être contradictoires, ces deux sentiments se complètent alors pour créer un ressenti durable face à chacune des œuvres. Il s’agit pour les deux frères de capter réellement l’être humain dans toute sa complexité : « Pour nous c’est une manière d’exprimer l’idée que nous avons de nous-mêmes en tant qu’êtres humains, en tant qu’êtres sensibles aussi bien à leur environnement qu’à leurs expériences et qui ne cessent d’évoluer et de s’adapter. ».

En 2008, les deux frères arrivent à Amsterdam, puis s’installent quelques années plus tard à Valence en Espagne. En 2010, ils reçoivent le Prix bisannuel d’Art du Museum d’Amposta à Barcelone. L’année suivante, c’est à Venise qu’ils sont distingués avec le Prix international d’Art de Laguna.

En 2012, les deux frères se consacrent à des séries avec “Antimatter series” à Milan ou “Masters series” à Venise de la même année : leur nouveau terrain de jeu est la matière et l’antimatière, des concepts physiques et philosophiques. Les portraits oscillent entre incarnation et désincarnation et créent une forme de porosité entre ces deux états de la matière. Aucun tracé linéaire n’est présent dans les œuvres d’“Antimatter series” car loin d’être un moyen de structurer le tableau, les lignes seraient au contraire des “barrières” qui viendraient contrer l’équilibre global de l’œuvre comme l’explique le critique Louis Perez Pont.

En 2013, l’exposition “Angels & Demons” se tient à Valence puis “Dematerialized : A New Contemporary Vision” à Londres, une exposition qui poursuit l’exploration d’une nouvelle vision de la réalité qui serait comme dépourvue de sa matérialité. Au cours de la même année, les deux artistes participent à trois expositions collectives : “Brutal” et “Fresh Paint” à Londres ainsi que “Wonderworks” à Hong-Kong.