Rakajoo: Les Trois Châteaux

A Paris, en 2017, à la BAB’s Galerie, Rakajoo participe à l’exposition collective Des Gosses, une exposition de jeunes artistes afro-descendants. L’occasion d’exposer, loin des clichés, certains questionnements d’une génération « à la fois perdue et forgée dans cette double culture » qu’est l’Afro-Européanité.

En 2020, l’artiste peintre expose au Palais de Tokyo à Paris dans l’exposition collective Jusqu’ici tout va bien de l’Ecole Kourtrajmé, fondée par le réalisateur Ladj Ly et l’artiste JR dont Rakajoo est sorti diplômé en section Art&Image la même année. Cette exposition-capsule, sous forme de workshop, explore la filiation entre les films La Haine (Mathieu Kassovitz, 1995) et Les Misérables (Ladj Ly, 2019). Les œuvres, plastiques et cinématographiques, spécialement produites pour l’évènement, sont directement inspirées des scènes de ces deux films mais aussi de témoignages du quotidien des artistes eux-mêmes. Œuvres poignantes et engagées, elles questionnent le regard du monde médiatique et politique, « interrogent l’appropriation opérée par la mode sur les cultures de rue, […] dénoncent la sous-représentation des femmes dans la société » et abordent des thèmes forts comme ceux du machisme et de l’homophobie sans occulter pour autant la solidarité pouvant émerger de ces contextes sociétaux.

L’année 2021 verra se concrétiser Transport commun, exposition collective explorant « la fragilité accrue à l’autre, à soi-même et à l’environnement » à travers photographies, peintures, sculptures, lithographies… issues de la Collection d’art Société Générale à Paris La Défense. En tant que jeune talent, Rakajoo y est invité à faire découvrir ses œuvres. En parallèle, il poursuit la réalisation d’une série d’animation, Kaname, en tant que concepteur-rédacteur.

 Rakajoo peint principalement à l’huile. Son territoire artistique emprunte aux codes du cinéma d’animation, de la bande dessinée mais aussi de la peinture avec certaines références aux grands noms qui l’ont inspiré : Vermeer, Whistler, Freud… mais tout en introduisant ses propres variations. Il aime, comme le voulait l’usage en peinture classique, commencer chacune de ses œuvres sur un fond rouge...

L’artiste confesse que son environnement familial a sûrement influencé son choix de devenir peintre, que ce soit au travers de la figure de son grand-père, architecte, dont il porte le prénom (Baye-Dam) mais aussi de sa mère qui croquait des vêtements. D’une passion d’enfant il développe rapidement, dès son plus jeune âge, un goût et une compétence pour le dessin.

 « J’ai appris à dessiner parce que j’adore raconter des histoires », confie-t-il.

Ainsi, en 2009-2010, il réalise les séries d’animation Fish ‘n Chips, Gnark et Scary Larry en tant que dessinateur-concepteur pour Timoon Animation.

« J’avais des histoires à raconter, j’étais quelqu’un qui vivait beaucoup dans sa tête.”

Loin de restreindre son champ de pratique, Rakajoo sculpte aussi. Il aime accompagner ses tableaux d’installations sonores ou audiovisuelles pour mieux faire pénétrer le spectateur dans les histoires qu’il raconte. « C’est une manière de capter le regard des spectateurs et de les plonger dans l’univers des tableaux. C’est pour cela aussi que j’utilise des grandes focales : une perspective qui nous happe au cœur des tableaux. »