« La question d’une réforme de la peinture à l’encre traditionnelle a été soulevée dès l’époque de la République de Chine au siècle dernier. C’est un vieux problème qui n’a jamais été complètement résolu. On peut même dire que ces cent dernières années, le champ artistique n’a pas cessé d’essayer de faire coïncider la tradition millénaire de la peinture à l’encre avec l’esthétique actuelle. »
- Chen Yingjie
La nature est au centre de la peinture de Chen Yingjie. Ses toiles, avec toute leur explosivité abstraite, sont une ode aux éléments naturels. Elles peuvent être lues comme des paysages imaginaires où l’esprit est libre de s’égarer, captivé par la vivacité des couleurs et l’impression de mouvement qui se dégage des œuvres.
Adoptant une approche contemporaine du travail des grands maîtres de la tradition chinoise, Chen utilise une gamme variée de techniques non-conventionnelles, tout en restant fidèle à l’esprit, à la force et la vitalité de la peinture à l’encre. Son style est empreint d’un puissant équilibre entre mouvement et contemplation, influencé par des concepts séculaires au cœur de la pensée chinoise : le Yin et le Yang, et cette idée d’un flux cosmique qui traverse toutes choses. « On peut sentir, dit-il, ce qi dynamique et invisible circuler autour de mes œuvres. »
Avec un grand nombre d’œuvres murales à son actif en Chine et partout dans le monde, Chen peut être considéré comme un artiste urbain à part entière. La bombe aérosol compte parmi ses outils de prédilection, en particulier pour créer les fonds colorés et nébuleux de ses peintures. Cette fusion entre street art et peinture de paysage traditionnelle fait de l’œuvre de Chen Yingjie un objet artistique non-identifié, créé à partir du meilleur de deux mondes et pourtant ne ressemblant à rien d’autre.
« J’aimerais me libérer des contraintes culturelles, dit-il, et créer mon propre language artistique. »
Peintre, Chen est aussi un peu showman. Sa façon de travailler est éminemment gestuelle. Inspiré par la peinture à l’encre, il s’engage dans un rapport physique avec la toile, à grand renfort de mouvements dynamiques et d’éclaboussures. Le critique américain Harold Rosenberg, père de l’expression « action painting », faisait cette remarque célèbre au sujet des peintres abstraits américains de son époque, des figures comme Jackson Pollock ou Willem de Kooning, en déclarant qu’ils se servaient de la toile comme d’une « arène dans laquelle agir ». L’œuvre de Chen Yingjie fait écho à cette formule. « Créer, c’est comme se battre, on ne connait jamais le prochain coup de l’adversaire, et la chose la plus importante est de rester attentif au rythme et de s’adapter aux circonstances. »
Chen Yingjie est né à Foshan, dans la province de Canton en Chine, en 1991. Il a étudié au Raffles Design Institute à Singapour. Son travail a été présenté par des institutions majeures en Chine et à travers le monde, comme Tank et Power Station of Art à Shanghai, CAFA Art Museum à Pékin, ou encore le ArtScience Museum de Singapour. Il a collaboré avec de nombreuses marques internationales, au nombre desquelles Cartier, Volkswagen, Louis Vuitton, Adidas ou Volvo.
En 2020, il a été nommé l’un des “30 Under 30” en Chine par le magazine Forbes. Ses œuvres sont présentes dans des collections prestigieuses comme celles du Honolulu Museum of Art, de BMW China Automotive ou de CapitaLand Group. Il vit actuellement à Foshan.