Robert Montgomery Royaume UNi, 1972

Les œuvres textuelles de Robert Montgomery se rencontrent généralement dans les rues des grandes villes européennes, en lieu et place d’affichages publicitaires. Elles parasitent le discours consumériste, livrant des messages d’inspiration situationniste renvoyant à la nature, la société, la psyché humaine à notre époque contemporaine. Faisant surgir par les mots de vastes perspectives dans le temps et l’espace, Montgomery introduit une faille dans l’instantané de la publicité, tentant d’établir une intimité avec le regardeur. « Je pense que lorsqu’il est à son meilleur, dit-il, l’art est une conversation intime avec des inconnus, individuellement, de cœur à cœur. »

Lecteur avide de Guy Debord, l’artiste britannique s’intéresse à « la manière dont on ressent de l’intérieur le fait de vivre dans une phase avancée du capitalisme. » Souvent poétiques, ses travaux se présentent  dans un large éventail de médiums : affiches, néons LED, structures en bois auxquelles il met le feu dans le cadre de performances. Dans son atelier, il se tourne vers la peinture, l’aquarelle ou encore la gravure sur bois. Teintés de mélancolie, ses mots sont parfois habités par le pressentiment d’un naufrage existentiel. Parfois aussi pleins d’espoir. L’écologie, la guerre, l’apathie, l’aliénation sont parmi ses thèmes récurrents, avec cette idée sous-jacente que « l’art peut être transformateur ». « Je pense que nous sommes collectivement traumatisés », dit-il. Un traumatisme entretenu par d’artificiels désirs qui conduisent chacun à se sentir étranger au monde réel. « Je pense que l’art peut nous apporter une sorte de thérapie dont nous avons désespérément besoin. »

Inspiré très tôt par des poètes comme Philip Larkin, Sylvia Plath, Ted Hughes ou Guillaume Apollinaire, son travail est nourri par les avant-gardes du XXème siècle liées à l’art conceptuel, en particulier par Joseph Beuys et Lawrence Weiner, mais aussi par le graffiti politique et le graffiti surréaliste. Jamais signées, ses œuvres textuelles ne se laissent pas aisément appréhendées comme un style littéraire personnel. « Ce n’est pas ma voix. C’est la voix de l’inconscient collectif dans ma tête. » Une œuvre polyphonique où se trouve développée la notion d’une réalité partagée, comme si les poèmes de Robert Montgomery émanaient de tous.


Robert Montgomery est né à Chapelhall en Ecosse, en 1972. Il a été l’artiste britannique sélectionné pour la Biennale d’art contemporain de Lyon en 2011, la Biennale de Kochi (Inde) en 2012 et la Biennale de Yinchuan (Chine) en 2016. Il a réalisé d’importantes installations lumineuses dans l’espace publique dans plusieurs villes européennes comme Berlin, Londres, Paris, Athènes, et d’autres. Son travail a été exposé au Aspen Art Museum (Etats-Unis), à l’Oklahoma Contemporary Arts Center (Etats-Unis) ou encore au Cer Modern Museum d’Ankara (Turquie). Ses œuvres font partie de la collection permanente du Houston Museum of Fine Arts et du musée Albright Knox à New York. Il vit à Londres.