Futura Américain, 1955

Difficile de ne pas voir dans le nom de Futura comme une prémonition. Auteur d’une œuvre visionnaire, Futura a été l'un des tous premiers artistes issus du graffiti à se départir du lettrage au début des années 80 pour proposer des compositions abstraites. La célèbre fresque intitulée Break, réalisée sur toute la longueur d’un wagon du métro new-yorkais en 1980, marque un tournant majeur. A l’époque l’œuvre déclenche une véritable révolution dans les canons du graffiti. Une révolution qui n'en finit pas d'essaimer aujourd'hui auprès d'un grand nombre d'artistes qui continuent de revendiquer l’influence de Futura.

 

L’artiste a grandi à New York. Adolescent dans les années 70, ces années qui voient l'essor du mouvement du graffiti et des arts urbains, il prend vite une part active à ce grand moment d'émulation artistique et imprime bientôt la marque de son style novateur. Futura occupe ainsi une place à part dans l'histoire du graffiti, à la fois en tant que pionnier et en tant qu'iconoclaste du mouvement.

 

On l’a parfois rapproché de Jackson Pollock pour l'expressivité de sa peinture. Dans ses œuvres les plus abstraites, on a voulu voir des liens avec le travail de Vassily Kandinsky. « Ces références disaient la sophistication de Futura, se souvient le photographe Henry Chalfant, qui documente la scène du graffiti depuis ses origines. Il avait été capable de s’éloigner des lettres pour faire écho au monde de l’art. »

 

Dès le tournant des années 80, Futura développe un travail sur toile qu'il expose aux côtés d'artistes comme Jean-Michel Basquiat, Keith Haring ou Kenny Scharf. Les éléments clés du style qu'on lui connait aujourd'hui sont déjà là : des nuages de couleur aux variations subtiles, des lignes extrêmement fines qui semblent rayer la surface, et surtout cette étonnante fluidité d'exécution qui donne à ses œuvres cette tonalité atmosphérique si particulière. Une patte, une virtuosité qui font de Futura une figure considérée aujourd’hui comme incontournable parmi les artistes issus de l'art urbain. Après cinquante ans de carrière, il apparait comme un peintre à l’énergie créatrice toujours féconde, qui avec son style abstrait si personnel et aérien a su enjamber les époques et se jouer des catégories réductrices.

 

Leonard McGurr, alias Futura, est né à New York en 1955. Dès le début des années 70, il fonde avec Marc Edmonds, alias Ali, le collectif des Soul Artists. Acteur de l’influent mouvement underground qui émerge à New York au début des années 80, dans lequel se croisent artistes et musiciens, il participe à la célèbre exposition New York / New Wave à PS1 en 1981, qui constitue un temps fort de cette période de bouillonnement artistique. A la même époque il se lie avec le groupe The Clash, pour qui il peint sur scène pendant les concerts à l'occasion d’une tournée européenne en 1981. Artiste de dimension historique, il est régulièrement invité à participer à des projets et expositions par des institutions à travers le monde, parmi lesquelles la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain et le Palais de Tokyo à Paris, le MOCA de Los Angeles ou encore le Museum of Fine Arts de Boston. Futura possède par ailleurs son propre studio de design, Futura Laboratories, à travers lequel il collabore avec des marques et créateurs de mode tels que Virgil Abloh (Off White, Louis Vuitton), Nike, Karl Lagerfeld, Lévi’s et bien d’autres. Il vit à New York.  

 

 


 photo Stéphane Bisseuil