Anonymities: London

18 Février - 11 Avril 2021 London

Cette exposition est un commentaire sur l'expérience universelle que constitue notre usage de la technologie moderne, et en même temps l'expression pertinente de l'année écoulée. Notre espace de vie se définit par l'omniprésence des écrans de téléphones et d'ordinateurs. Nos interactions sociales se trouvent réduites au nécessaire, impliquant un glissement dans la manière dont nous entendons ce terme d'"interactions", dépouillé de ses connotations premières liées aux idées d'abondance et de sérendipité.

La galerie Danysz est heureuse de présenter l'exposition en ligne Anonymities. Cette présentation, première d'une série d'expositions en ligne, explore l'expérience vécue de la solitude dans le contexte d'un monde post-pandémie. Rassemblant cinq artistes travaillant sur des médiums divers comme la photographie, la sculpture ou des techniques mixtes, cette exposition collective vise à explorer les lexiques nouvellement adoptés — par exemple le concept de « bulles », associé aujourd'hui à l’auto-isolement ou aux petits groupes fermés plutôt qu'à quelque chose d’éphémère. « Faire éclater la bulle » ne revêt plus le sens d'un acte ludique; l'expression exprime une chose autrement plus sobre.

Désormais beaucoup d'entre nous passent leur temps seuls, tandis que nos notifications, devenues la forme principale de nos rapports aux autres, résonnent en nous avec une gravité et un sentiment d'anticipation sans précédents. Eclairés dans un halo pâle, nous travaillons, nous entrons en relation, nous sommes connectés aux autres. La lumière bleutée émise par nos écrans apparait omniprésente; comme c'est le cas dans l'œuvre de Liu Bolin Screens in rest (large), 2017. Alors que nous approchons de l'anniversaire du confinement 1.0, les liens virtuels ont cessé d'être plus attrayants que les liens réels.

Dans son grand projet inspiré par la quarantaine, Erwin Olaf travaille sur le thème de l'auto-représentation et de l'identité. Sa photographie Poisson d’Avril, 10h05, 2020 reflète son état d'esprit dans le contexte d'un intérieur quadrillé de supermarché. Vhils revisite le même sujet dans une série récente pour tenter de retracer les vestiges de l'activité humaine, et dévoiler les apparences cachées derrière les mots et les débris urbains. C'est chez lui un concept qui revient avec insistance, cette idée que débris et fragments permettent de faire surgir une vision du monde. Dans Petrification series, l’artiste crée des sculptures qui réfléchissent la lumière et mettent en jeu l’espace environnant à travers leurs surfaces translucides qui fascinent et arrêtent le regard. Ou bien encore le sens des mots devient glissant, presque accidentel, avec la sculpture Moon de Huang Rui. Ainsi les artistes cherchent à appréhender l'incompréhensible, à sonder les lieux innommés.

Néanmoins dans le contexte des villes contemporaines, l'anonymat nous libère. Les œuvres de cette exposition peuvent être comprises également comme une invitation à penser en termes d'infinité — tout en étant conscient que les frontières et limitations continueront à exister et à être déterminées par le language, le corps, ou la technologie.