True Face

11 Mars - 26 Mai 2022 London

« Je l’ai fait parce que cela se rapproche du fait de dire qui je suis plus que tout autre méthode que je pourrais employer. L’œuvre est mon identité. » —David Smith, ‘Tradition et Identité’

La galerie Danysz est heureuse de présenter une exposition en ligne dédiée aux portraits. Comme le suggère le titre de l’exposition, True Face, ses principaux sujets d’intérêt concernent le sens, l’idéologie et le pouvoir subversif du portrait. Le portrait dans l’art occidental a joué un rôle crucial dans la construction et l’articulation de l’individualisme. Il a permis aux artistes de s’approprier les moyens de la représentation, à la fois esthétique et politique, et d’articuler de nouvelles formes d’être soi. Cependant les artistes utilisent souvent le portrait d’une manière plus sociale ; pour tisser des liens entre leur groupe d’amis ou leur cercle d’intimes.

 

L’œuvre éponyme de cette exposition, Blond, de Rakajoo, exécutée avec de larges coups de pinceaux caractéristiques de son style, montre un homme au regard résolu. Sa silhouette est placée au devant d’une large toile représentant un lieu vegan parisien à la mode, permettant une expérience qu’on pourrait décrire, après Maurice Merleau-Ponty, comme “une silhouette se tenant contre le double horizon de l’espace physique et corporel.” Les œuvres viscérales de Rakajoo donnent l’impression d’une étude en profondeur de notre contemporanéité. Il place ses portraits en interaction les uns avec les autres, établissant des connections entre l’individu et le groupe, suggérant par ce moyen une lecture de l’identité en tant que construction collective.

 

Dans les portraits photoréalistes de Zhang Dali, le texte ‘AK-47’ se fond dans la forme humaine, faisant tomber la frontière entre le physique et l’idéologique. L’artiste représente notre moi contemporain comme une collection de processus sans fin et de narratifs définis par l’influence prépondérante de la société sur l’individu.

 

Le portrait est étroitement lié au rôle culturel et politique des images. Après 1789, le portrait en est venu à dominer la culture visuelle en France, en lien avec cette question complexe qui consistait alors à changer des sujets en citoyens. L’artiste franco-palestinien Abdul Rahman Katanani explore la perte de citoyenneté et le statut d’apatride, où la construction de l’identité devient encore plus complexe. Son œuvre Girl Blue Salopette, représentant une fille qui joue, est faite de barils de pétrole. L’idée du portrait ou de la forme humaine est enfermée dans le matériau et la séparation de l’un et l’autre devient difficile. Dans le cas de Liberté Unité, par le duo d’artistes Faile, la motivation première derrière ce portrait est la rue. Le lieu de l’interaction et de l’évènement, un composé des transformations et changements survenus à New York et aux États-Unis — et notamment, pour une part non-négligeable, grâce à l’impact de Black Lives Matter. Le rendu final est résolument hyper-visuel et offre plusieurs niveaux de lecture.

 

Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, l’une des principales fonctions du portrait, produire la ressemblance, a perdu de son sens ; les selfies et les photographies sur internet sont tous considérés comme des portraits. Le but de cette exposition est de questionner la véracité du portrait en mettant en exergue le portrait en tant que construction à plusieurs de niveaux de lecture, et non pas nécessairement comme offrant une ressemblance parfaite.