• « Je voulais introduire le chaos dans le train-train quotidien des gens, générer une tension, et voir leurs réactions. Je voulais que les passants lèvent la tête de leurs mobiles et se reconnectent à la vie réelle. »
    - Mark Jenkins

     

    Quatre ans après sa première exposition personnelle à la galerie, Mark Jenkins est de retour avec « Outsiders », qui se tiendra du 3 décembre 2022 au 14 janvier chez Danysz Paris – Marais. L’artiste américain nous invite dans son univers peuplé de personnages d’un réalisme saisissant : des œuvres qui interpellent, intriguent et suscitent toujours de vives réactions. En effet les installations hyperréalistes de Jenkins ont cette capacité à semer le doute entre fiction et réalité à travers l’interaction entre son art et le public, essence du travail de l’artiste.

  • Mark Jenkins, Outsiders Exhibition view - Danysz Paris, 2022
  • « Je vivais à Rio de Janeiro en 2003, je m'amusais avec un rouleau de ruban adhésif et j'ai trouvé un moyen de l'utiliser pour mouler des objets, y compris moi-même. C'est ainsi que je suis devenu sculpteur. À partir de là, j'ai commencé à placer des moulages de moi-même dans la ville et à faire des installations de rue sans autorisation. »
    - Mark Jenkins

  • OUTSIDERS
    Mark Jenkins, Flag, 2022 - Sculpture, clothing - 70 x 70 x 193 cm 

    OUTSIDERS

    A travers l’exposition « Outsiders », Jenkins donne corps à ses sculptures dont l’attitude et le mouvement ne cessent de surprendre par leur humanisation plus vraie que nature, brisant ainsi la monotonie de la vie quotidienne. Il nous présente ses sculptures insolites à l’origine de sa renommée internationale : des silhouettes grandeur nature camouflées sous leurs capuches, qu’il vêt de tenues ordinaires. Assis, debout, allongés, suspendus, ces personnages sont au centre de scènes percutantes se déroulant au sein de l’espace parisien de la galerie Danysz.

     

    C’est au début des années 2000, que Jenkins se consacre à la réalisation de ces sculptures humaines réalistes qu’il installe dans l’espace public. Des figures anonymes d’hommes et de femmes souvent solitaires, placées dans des endroits ou des postures insolites qui captent inévitablement l’attention. « Le fait de ne pas leur donner d'identité faciale me permet de représenter plus qu'un individu. Elles ont alors un spectre plus large et un caractère symbolique », explique Mark Jenkins.

     

    Elles semblent raconter leur différence, leur absence d’appartenance à un groupe et leur difficulté à trouver leur place dans notre société. Si ces personnages s’intègrent à notre environnement quotidien, c’est en fait pour mieux s’en démarquer en s’adonnant à des activités où l’absurde se dispute à l’humour noir. Des rituels décalés qui détournent les normes et subvertissent nos codes habituels au grand jour et à la vue de tou.te.s.

    • Mark Jenkins Holy Bible of War Cinema, 2021 Sculpture, clothing, accessories 91 x 73 x 142 cm 35 7/8 x 28 3/4 x 55 7/8 in
      Mark Jenkins
      Holy Bible of War Cinema, 2021
      Sculpture, clothing, accessories
      91 x 73 x 142 cm
      35 7/8 x 28 3/4 x 55 7/8 in
    • Mark Jenkins Seated Mole, 2016 Sculpture, clothing, accessories 125 x 70 x 80 cm 49 1/4 x 27 1/2 x 31 1/2 in
      Mark Jenkins
      Seated Mole, 2016
      Sculpture, clothing, accessories
      125 x 70 x 80 cm
      49 1/4 x 27 1/2 x 31 1/2 in
    • Mark Jenkins Jump Fido, 2021 Sculpture, clothing, accessories 185 x 73 x 60 cm 72 7/8 x 28 3/4 x 23 5/8 in
      Mark Jenkins
      Jump Fido, 2021
      Sculpture, clothing, accessories
      185 x 73 x 60 cm
      72 7/8 x 28 3/4 x 23 5/8 in
    • Mark Jenkins Archway, 2022 Sculpture, clothing 188 x 70 x 30 cm 74 x 27 1/2 x 12 in
      Mark Jenkins
      Archway, 2022
      Sculpture, clothing
      188 x 70 x 30 cm
      74 x 27 1/2 x 12 in
  • TEMOINS MUETS DE LA SOCIéTé

    Mark Jenkins, Swing, 2022 - Sculpture, wig, clothing, accessories - 130 x 58 x 65 cm

    TEMOINS MUETS DE LA SOCIéTé

    On pourrait se contenter de voir dans les personnages de Mark Jenkins des anticonformistes ou des asociaux, des « losers ». Il faudrait plutôt les considérer comme des « outsiders » capables de créer la surprise et qu’il faudrait prendre en compte. Tout est question de point de vue et du sens qu’on veut bien donner au mot réussite. Au bout du compte et malgré les apparences, ce sont peut-être ces « outsiders » qui pourraient être les vrais gagnants de ce que les anglosaxons nomment « rat race » (course de rats), une métaphore de la compétition acharnée à laquelle se livre l’homme moderne.

     

    Ces outsiders, aussi étrangers qu’étranges, sont des témoins muets qui occupent nos marges et nous provoquent en faisant surgir l’irrationnel et une autre façon d’être au monde. Ils nous invitent à nous arrêter, marquer une pause et nous interroger sur le sens des choses. Cette course effrénée n’est-elle pas une fuite en avant ? Qu’est-ce que la normalité ? Qu’est-ce qu’une ville ? Et si l’isolement était un luxe comme le suggérait l’artiste dans le titre d’une de ses œuvres ? Et si la vraie vie était ailleurs ? 

  • Mark Jenkins, Billboard, 2022 - Sculpture, wig, clothing - 30 x 50 x 174 cm
  • « L'idée la plus fondamentale est de subvertir la réalité en la copiant, puis en la modifiant. L'effet obtenu déforme le tissu urbain, amenant les passants à entrer dans la ville comme s'il s'agissait d'une scène. » - Mark Jenkins

  • LE REALISME DE JENKINS
    Mark Jenkins, Seated Mole, 2016 - Sculpture, clothing, accessories - 125 x 70 x 80 cm 

    LE REALISME DE JENKINS

    Les sculptures de Jenkins sont théâtrales et défient la logique, chaque pièce imite la vie au point où elle deviennent réelles et troublantes. Jouer avec la réalité la plus commune, celle de la rue, en se la réappropriant, faire entrer à son insu le piéton lambda, quelque part sur son chemin dans une zone d’art : cette reconfiguration de l’anodin est indissociable des ambitions et des pratiques du street art, du graff au tag. Mais Jenkins franchit un palier supplémentaire, celui de la figuration portée à son point culminant : la reproduction en volume, à l’échelle, des corps.

     

    Jenkins, qui tire son inspiration du défunt sculpteur figuratif Juan Muñoz et des pensées d’Albert Camus sur l’absurde, est d’abord un réaliste. Ne serait-ce que parce que son matériau de prédilection appartient à la réalité la plus banale : de simples rouleaux de scotch. C’est l’adhésif qui, à l’issue d’un travail d’emmaillotage, dont Jenkins nous décrit les étapes, formera la coquille extérieure, l’enveloppe des corps de ses personnages. Un médium bien concret, collant même, mais à la disposition de tous, qu’il innove en le propulsant sur la scène artistique.

  • « De nos jours, la plupart des gens ne voient même pas ce qui les entoure. Mais ceux qui le font, pour une raison ou une autre, deviennent la performance. Et ils deviennent pour moi, l'art. »
    - Mark Jenkins

  • UNE EXPERIENCE SOCIALE d’altération de la réalité
    Mark Jenkins, Archway, 2022 - Sculpture, clothing - 188 x 70 x 30 cm

    UNE EXPERIENCE SOCIALE d’altération de la réalité

    Les installations hyperréalistes de Mark Jenkins impressionnent par leur capacité à nous faire hésiter entre fiction et réalité. Elles font fusionner l'art et la réalité en un seul et même objet.  Il s'agit d'ailleurs bien pour lui, de créer une expérience sociale d'altération du réel. Il dit à ce propos « Je crée avant tout une expérience sociale. Je pourrais être un sociologue. Je pense que j’explore quelque chose qui se situe au-delà du street art. C’est une autre expérience. »

     

    Pour l’artiste, ces mises en scène percutantes et insolites constituent avant tout une « expérience sociale d’altération de la réalité ». Une expérience qu’il documente en photographiant les réactions des gens qui découvrent ses installations. Dès lors, les témoins ne sont plus de simples spectateurs mais des acteurs de l’installation : que ce soient des passants, des pigeons, des pompiers… tous font désormais partie intégrante de ses installations.

     

    Le réalisme des corps, allié à l’aspect invraisemblable des situations, fait ainsi se rencontrer en plein cœur de la ville et aux yeux de tous le banal et l’extraordinaire. Face à ces clones humains qui s’affranchissent des normes, le passant intrigué hésite entre amusement et stupéfaction, entre une explication rationnelle ou magique de la situation. Une faille surgit dans la routine habituelle : le quotidien perd son aspect rassurant et devient le lieu de tous les possibles.

  • Interaction du public
    Mark Jenkins, Step up, 2022 - Sculpture, wig, clothing - Copyright: Stéphane Bisseuil

    Interaction du public

    « Pour moi, une œuvre d’art doit avant tout être une question ». Une question que Mark Jenkins se plaît à adresser aux passants en mettant en scène ses sculptures dans l’espace public. Avec lui, la rue n’est jamais abordée seulement comme un lieu d’exposition mais toujours aussi comme un espace à partir duquel il est possible de créer des événements. En effet, l’espace public joue un rôle majeur dans le travail de Mark Jenkins. C’est là que ses œuvres entrent en interaction avec les passants, transformant la rue en une scène qui fait d’eux non seulement des spectateurs mais aussi des acteurs. Dans ce théâtre urbain, les réactions des gens constituent autant d’objets d’étude et d’expériences que l’artiste se plaît à mener. Il s’agit pour lui d’introduire dans l’espace (qu’il s’agisse de la rue, d’une galerie ou d’un musée) un corps étranger, au sens propre comme figuré, pour mieux scruter en retour la réaction du corps social à cet élément perturbateur.

     

    « C’est un peu comme au théâtre. Le monde est une scène, disait Shakespeare. Avec mon background en géologie, j’ai une approche scientifique des phénomènes donc, quand il se passe des choses sur cette scène, je collecte des données sur ce qui se produit dans l’environnement où j’ai décidé de faire intervenir mes sculptures. Cela peut être ce que fait un chien, un pigeon, un enfant, un parent, un officier de police, cela permet de voir comment la coté dans son ensemble réagit, les individus mais aussi les institutions. Quand elles sont dans un endroit où il y a beaucoup de trafic et de gens qui passent autour, au bout d’un quart d’heure on assiste à une sorte de performance. »
    - Mark Jenkins

  • UNE TECHNIQUE PROPRE A JENKINS

    UNE TECHNIQUE PROPRE A JENKINS

    C’est en 2003 que le premier projet de Mark Jenkins, intitulé « Tape Men », voit le jour en 2003 dans les rues de Rio de Janeiro et Washington D.C. L’artiste met alors en scène ses silhouettes humaines faites de ruban adhésif dans l’environnement urbain. Jenkins devient l’inventeur d’une technique qui lui permet de reproduire de façon très réaliste l’aspect du corps humain. L’artiste qui emploie des techniques variées s’exprimant également sur toile ou papier, développe ainsi sa propre technique de moulage avec du ruban adhésif et du film plastique. Le processus de moulage physique utilise habituellement son propre corps ou celui de Sandra Fernandez avec laquelle il collabore depuis de nombreuses années. Ils se clonent sans cesse dans un exercice très personnel avant d’intégrer les sculptures dans un espace public ou encore dans l’espace d’exposition.

     

    « Les sculptures humaines de Mark Jenkins viennent troubler l’ordre public, s’insérant dans la routine bien huilée du métro-boulot-dodo, allant parfois même jusqu’à semer des mouvements de panique. Avec sa collaboratrice Sandra Fernandez, ils prennent pour modèle leur corps qu’ils moulent à l’aide de rubans adhésifs en plusieurs étapes avant d’assembler chaque partie  pour former une sculpture qui s’expose dans une posture étrange, voire absurde quand elle n’est pas inquiétante. L’humour et l’ironie traversent cet art contextuel qui affiche sa volonté d’aller au-delà pour s’inscrire dans une démarche sociologique. »
    - Emmanuelle Dreyfus

  • « J’ai toujours aimé l’art. Les musées m’ont donné le sentiment du « sacré », comme l’Eglise catholique, mais avec encore plus de force. L’art est ma religion païenne. »
    - Mark Jenkins

  • Mark Jenkins est né en 1970 à Fairfax, il vit et travaille à Washington D.C. Ses œuvres ont été présentées...

    Mark Jenkins est né en 1970 à Fairfax, il vit et travaille à Washington D.C. Ses œuvres ont été présentées dans le monde entier : États-Unis, Brésil, France, Espagne, Italie, Irlande, Suède, Russie, Corée du Sud, Serbie, Japon. Son travail a été exposé au sein d’institutions muséales comme la Kunsthalle Wien (Autriche), le Perm Museum of Contemporary Art (Russie), le Centre Pompidou (France) ou le Beirut Art Center (Liban).

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